Expo | Retrouver la danse, avec Romain Bernini

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Retrouver la danse, un dialogue entre archives photographiques et peintures 

Cette exposition est un mariage de peintures, de photographies et de fragments archéologiques soulignant les gestes de la danse. En s’appuyant sur les fouilles et les archives de l’École française d’Extrême-Orient concernant la danse cambodgienne classique et/ou folklorique, Bernini orchestre à l’intersection de la peinture et de la photographie. Il met en lumière les archives, à travers la fiction et un nouveau prisme narratif. Les toiles de Romain Bernini dialoguent, telle une âme chorégraphique en suspension, avec les gestes des danseurs. 

Lors de sa résidence à l’Institut français du Cambodge et l’Ecole Française d’Extrême Orient, Bernini a exploré le concept d’un corps fragmenté, révélé par les archéologues, pour tracer un parallèle avec l’histoire de la danse et du Cambodge, notamment durant la période des Khmers Rouges où la vie s’est évanouie tant pour les hommes que pour leurs créations. Cependant, la danse, dans son éphémère beauté, continue de briller, elle résiste, plus impérissable que la pierre, elle réapparaît avec une résilience qui défie le temps.

Cette époque est suivie d’un moment de réparation, tant pour les corps humains que pour les œuvres en pierre fragmentées, symbolisant la reconstruction de l’intégrité corporelle et la redécouverte de la vie, notamment à travers la danse. Cette dernière est envisagée comme une forme de thérapie pour le corps et l’esprit, bénéfique non seulement pour les danseurs mais aussi pour les spectateurs qui, emportés par le mouvement, partagent un instant d’union restaurateur. La danse au Cambodge fait plus que mouvoir les corps, elle tisse un lien sacré entre les hommes et les divinités. Les troupes de danse sont diverses et dispersées à travers tout le pays. Elles interprètent des danses classiques ou villageoises folkloriques célébrant les joies populaires des communautés, témoignant de la place centrale de cette pratique.

Les danses comme celles de la pêche, de la noix de coco ou de la joie incarnent cette célébration pop- ulaire. Dans ces représentations fragmentées ou flottantes, les figures des danseurs, les masques, ainsi que les rites anciens et modernes se mêlent et s’entremêlent pour interroger sur les récits du Cambodge contemporain.

Les œuvres sont peuplées de personnages, de scènes, de danseuses, de masques expressifs empreints de symbolisme, de temples ancestraux et de villages flottants qui créent un ensemble tissant une fiction riche et complexe. Bernini crée la fiction à travers ces œuvres en interrogeant les rites sacrés et les rites contemporains. À contre point, le calao règne, imperturbable, au sein de la toile, imposant un silence que l’on pourrait qualifier de divin. Espèce millénaire, il arbore un plumage multicolore et un bec imposant qui inspirent le respect ; à travers son allure, il semble incarner un observateur éternel de l’humanité, contrastant avec les danseurs désynchronisés du temps. 

Simultanément, Romain Bernini souligne le rôle crucial des archéologues et des restaurateurs dans ce processus de guérison et de renaissance culturelle par le biais des révélations et des reconstructions de la danse.

Romain Bernini

Né en 1979, Romain Bernini est un peintre et professeur travaillant à l’École des Beaux-Arts de Paris. Diplômé de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne en arts plastiques et en médiation culturelle, il a été distingué par le prestigieux premier prix de peinture Antoine Marin en 2008. En 2010-2011, il est pensionnaire de la renommée Villa Médicis à Rome (Italie). Plus récemment, en 2023, il était en résidence à l’École française d’Extrême-Orient (EFEO) à Siem Reap, au croisement des cultures françaises et cambodgiennes, pour réaliser une nouvelle série d’œuvres présentées au sein de la galerie de l’IFC au sein de la saison « Danse comme je bouge ».

Romain Bernini se consacre principalement à la peinture à l’huile, explorant des thématiques variées telles que la société, l’espace, la figuration, la mythologie et la culture populaire. Ses toiles, souvent créées en série, dévoilent un univers pictural complexe où se mêlent réalité et fiction, où l’homme côtoie les animaux et les masques dans des espaces indéterminés mais néanmoins familiers. 

Dans son travail artistique, Romain Bernini utilise la toile comme un support pour exprimer ses questionnements sur l’étrange, l’utopie et la picturalité, notamment par l’utilisation de couleurs vives qui apportent une dimension réaliste à ses représentations, comme lorsqu’il explore des thèmes liés à la nature et aux couleurs éclatantes. Ses œuvres offrent des univers où se mêlent archaïsme et contemporanéité. Romain Bernini a reçu de nombreux prix et distinctions tout au long de sa carrière, dont le Prix de la Fondation Colas en 2013, et ses travaux sont exposés dans des collections publiques renommées telles que le CNAP, le Frac Île-de-France et le MAC VAL. Une tapisserie inspirée de l’une de ses œuvres a même été réalisée par la Cité Internationale de la tapisserie d’Aubusson. 

Dans son atelier parisien, Romain Bernini continue de créer sans relâche, explorant les limites de son art et capturant l’essence même de l’Homme, de son univers intérieur et de la société contemporaine à travers une esthétique à la fois saisissante et fascinante. 

L’IFC a à cœur de vous présenter au travers de cette nouvelle exposition l’incroyable talent artistique de Romain Bernini mis en liaison avec la fabuleuse culture de la danse du Cambodge.

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